Essai Opel Mokka (2023) – Pause café

Sans histoire mais aussi sans goût ?

Le syndrome de la voiture banale, vous connaissez ? Il se rattache aux autos qui n’excellent dans aucun domaine sans pour autant être catastrophiques ailleurs. Facilement oubliables, il est logiquement difficile de s’en émouvoir, d’en rêver, de s’en rappeler et même d’y penser. Du coup, même s’il est rouge, cet Opel Mokka, on le sent un peu gris, surtout en version de base Elégance à la présentation rabougrie. Mais laissons-lui sa chance car s’il n’a effectivement rien de renversant, l’allemand échappe habilement au naufrage en étant simple sans être simpliste.

Dans le design déjà, le Mokka n’a clairement rien d’exubérant. Alors oui, il respecte bien toutes les règles du parfait SUV avec un capot haut perché, une garde au sol rehaussée, des passages de roues surlignés de plastique brut et un toit dissocié pour égayer le tout. Mais il ressemble carrément à ses congénères et sa seule originalité revient aux feux encastrés dans un masque noir surnommé Vizor. Malgré cette audace – oh la la, quelle folie !, il échoue à raconter une histoire et apparaît finalement comme une Corsa joufflue, certainement pas moche mais nullement transcendant. On ne va donc pas épiloguer : le Mokka, c’est un gentillet aux lignes tracées avec retenue. Et à bord, hélas, ce n’est pas fort de café non plus ! Là encore raisonnable, le dessin suivi se voit secondé d’une qualité tout juste convenable. Ainsi, le combiné d’instrumentation numérique se cale en enfilade avec un second écran dédié à l’infodivertissement. Le hic ? Tous deux sont bizarrement intégrés dans un plastique noir laqué plutôt salissant. De loin, on y croirait presque. De loin, j’ai bien dit ! 

Habitabilité clairement limitée

Même refrain pour le volant avec ses commodos incroyablement vieillissants et son neiman renvoyant aisément deux décennies en arrière. Au moins, ils s’harmonisent sans souci avec le multimédia, à l’interface excessivement datée. Louons tout de même les commandes de ventilation physiques apportant un véritable plus ergonomique. Quant à la position de conduite, le Mokka remplit amplement son contrat : on domine effectivement la route. Ceux qui attendaient une position de conduite haut perché en seront donc pour leurs frais. Aux places arrière par contre, c’est plutôt étriqué et l’espace aux jambes est compté. D’ailleurs, l’accès se montre compliqué, rançon d’une découpe des portières pour le moins alambiquée. Attention la tête ! Et le coffre ne fait pas bien mieux avec une contenance de 350 l. Peu étonnant au final dans un gabarit de 4,15 m.

Doux à l’oreille, rude au séant

C’est tout de même dingue de voir comment une même plateforme peut enfanter des véhicules aussi différents. Alors que le Peugeot 2008 était d’un moelleux exquis, ce Mokka prend la direction inverse avec des suspensions d’une rudesse sans égal. En ville, on a clairement l’impression que les amortisseurs sont figés en butée, empêchant alors toute compression des ressorts face aux obstacles. Forcément, c’est ferme. Pas non plus invivable, mais franchement sec. L’avantage évident, c’est que la caisse est plutôt bien tenue en virage avec un roulis très contenu. Et en poursuivant au rayon des consolations, on notera également que chez Opel, ils ont charbonné l’insonorisation ! Les bruits aérodynamiques sont remarquablement étouffés, peut-être même davantage que sur le 2008, pourtant plus cher. Nous y reviendrons. Aussi, peu de bruits de roulement à noter, en ce qui me concerne. Finalement, le fauteur se trouve sous le capot : le petit trois-cylindres cherche semble-t-il à se faire remarquer, et il y arrive sans peine.

A froid, ça claque méchamment comme une cocotte-minute prête à servir le risotto illico-presto. En accélération, le PureTech conduit également un concert de timbales tandis que volant et pédalier laissent remonter une escouade de vibrations. Rien d’effrayant toutefois et les performances sont là, fort heureusement. Côté consommation, on n’est pas épatés mais tout juste satisfaits avec une moyenne de 6,4 l/100 km. On pourra revenir sur le couplage moteur/boîte imparfait en milieu urbain. Car dans un trafic en accordéon, la mécanique hésite et bute au ralenti, avec des à-coups de transmission en issue. La rugosité du Stop&Start n’aidant pas, le Mokka n’est de fait pas le plus agréable à mener à basse vitesse, un comble pour un SUV citadin ! C’est dommage car le gabarit est facile à cerner et la visibilité périphérique ne fait aucunement défaut. Les surfaces vitrées sont généreuses et l’intérieur clair esquive habilement l’effet cellule de prison ressenti dans le 2008.

Il fait le taf comme dirait l’autre

On ne va pas tergiverser : le Mokka n’est pas – et ne sera jamais – une voiture passion. Son physique jovial dans une moindre mesure contraste avec un habitacle manquant cruellement de gaieté. Dans cette configuration de base à 29 850 € avec ses quelques options, il livre l’essentiel et rien de plus. Régulateur de vitesse, aide au maintien dans la voie, climatisation automatique, caméra de recul, feux LED, jantes alliage de 17 pouces et lecture des panneaux font partie du package de série. Le volant chauffant est livré en bonus. Appréciable mais cela ne suffit pas à en faire l’affaire du siècle. Peu recommandable donc, l’Opel Mokka ? Las, cette version sans gros défauts contentera ceux ayant besoin d’une voiture…et c’est tout.

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