Essai Citroën C5X (2023) – Etrangeté sur l’Île de Beauté

Big bang dans la galaxie des berlines

Surprenante, déroutante, extravagante, fantasque… Voir une C5X, c’est d’abord mettre à l’épreuve son vocabulaire de l’étonnement. Et pour cause, dans la C5X, j’y vois un peu de tout, mais vraiment de tout : de la berline, du break, du coupé et même du SUV. Impossible de se faire une opinion fixée, la Française est du genre inclassable et le X glissé dans son patronyme signale d’ailleurs ce curieux melting pot. Fouillis assumé, donc. Est-ce pour autant suffisant pour rendre la grande Citroën polychrone ?

L’audace du design

La Citroën C5X, c’est d’abord 4,81 m sur 1,82 m de pure bizarrerie esthétique. 8,75 m² de bouillabaisse automobile qui s’abat sans coup férir sur mes yeux écarquillés. Mais aussi étrange soit-elle, la C5X est flanquée de références historiques. Le montant C puise ses sources dans la DS19 avec sa bande chromée terminant en pointe et surplombant de fines stries. Quant au becquet rapporté en haut du popotin surélevé (et pas très beau, je vous l’accorde), il conduit directement à la CX. Pour l’avant, c’est de l’histoire contemporaine avec les feux en V repris de la C4. Cela fait beaucoup pour comprendre où la C5X veut en venir et moi, j’avoue avoir du mal à la cerner. Son style détonne dans les rues du vieil Ajaccio et elle se fait beaucoup remarquer. Bref, si elle ouvre des brèches spatiotemporelles en matière de style, heureusement que la C5X excelle aussi dans nombre de domaines cruciaux…

« Avec de vraies commandes de ventilation, la C5X évite la catastrophe ergonomique et refuse la marche forcée vers la digitalisation totale »

A commencer par l’espace à vivre. Si, par rapport à l’extérieur, c’est effectivement ambiance calm down, l’ensemble demeure moderne et sobre bien que les matériaux employés manquent parfois de cachet pour la catégorie. Minuscule, l’instrumentation en face du conducteur est complétée par un affichage tête haute de 20 pouces complet et particulièrement réussi. A côté, l’écran tactile de 12 pouces présente bien et avoue une bonne réactivité. En-dessous ? Le miracle. Des commandes de ventilation physiques ! Et sans se montrer vulgaires, les molettes sont grosses et faciles à prendre en main. Alléluia ! Autre bonne nouvelle, les sièges électriques sont moelleux sans excès et peuvent se doter des fonctions chauffante, massante et ventilée à l’avant. Aux places arrière, l’espace proposé est vaste et le statut de grande berline de la C5X prend tout son sens. Côté soute, c’est pas mal non plus, bien qu’il faille jouer de malice pour les départs en vacances (545 l en essence et 485 l en hybride rechargeable).

Promesse tenue sur route

A la lecture de la fiche technique, je remarque qu’en hybride rechargeable, la C5X est la seule Citroën à disposer d’une suspension pilotée proposant une flopée de modes de conduite. La voiture nous cacherait-elle plusieurs visages ? Elémentaire mon cher ! En Sport, l’auto contient bien son roulis dans les virages. Il fallait bien cela pour aborder les routes serpentées Corses et tenter de suivre des locaux ivres de vitesse. En mode Confort, c’est un régal. C’est bien simple, jamais je n’ai été dans une voiture aussi bien amortie. La C5X surpasse même la DS9 pourtant plus bourgeoise avec ses suspensions plus sophistiquées. Et le constat est le même en ville, sur route et autoroute. Excellent dans l’absolu et exceptionnel pour la catégorie. Les 225 ch se montrent aussi suffisants en charge et la C5X ne « glougloute » pas trop (5,1 l/100km sur 2 000 km) sur le long cours. Quant au mode Electrique, il présente un confort acoustique allant de pair avec la voiture et l’autonomie en zéro émission s’avère correcte (41 km). Et les versions essence de 130 et 180 ch sont aussi bien dotées pour amener vigoureusement l’auto. Seules quelques vibrations du trois-cylindres du modèle de 130 ch peuvent déranger même si cela n’a rien d’alarmant.

« La C5X cache plutôt bien ses dimensions car en réalité, elle apparaît bien portante »

En fait, ce sont surtout les dimensions de la Citroën qui peuvent déranger. On dirait pas comme ça, mais elle est finalement bien balèze ! Et pour se téléporter en Corse, il faut viser le Mega Express Five, un gentil monstre qui gobe voitures et camions par dizaines. Mais des véhicules, il en avale un peu trop… Résultat, les autos sont collées les unes aux autres et la sensation de refaire les ailes avant de la Citroën me reste constamment en tête. Un jeu dangereux précédent heureusement une traversée moins sportive. Une fois le bateau arrivé à Bastia – non sans retard – vient l’excitation de récupérer la voiture dans une chaleur inhumaine. Dès lors évadé du navire, l’impression d’être sorti indemne d’une expérience de mort imminente me déconnecte le cerveau pendant quelques instants et pousse alors à des réactions absurdes, comme celle de consulter le prix du diesel alors que mon carrosse carbure au sans-plomb. Ah quand même…

Brancher, brancher et brancher

On me promettait au camping des bornes de recharge. Vrai ! Mais une fois arrivé sur place à Propriano, je ne savais cependant plus de quel côté se trouvait la trappe de recharge. Bon, j’ai quelques excuses : il était trois heures du matin et je sortais d’un stress post-traumatique sponsorisé par Corsica Ferries, hein… Bref, trêve de plaisanteries, la vérité, c’est qu’elles sont bien pratiques ces bornes ! Il suffit de se brancher chaque nuit pour rayonner tranquillement le lendemain. Trop généreux. Généreuse, la C5X l’est également en équipement, très riche. En plus des sièges délicieux et de l’incontournable affichage tête-haute préalablement mentionnés, rajoutons la conduite semi-autonome de niveau 2, la caméra 360°, les jantes de 19 pouces, le hayon motorisé ou encore le toit ouvrant. Ainsi dotée, notre version Shine Pack pointe alors à 54 020 €. C’est logiquement bien plus que l’entrée de gamme affichée à 33 900 € mais cela demeure raisonnable pour la catégorie. Une Skoda Superb Laurin&Klement (218 ch, 55 580 €) se veut plus cossue mais moins confortable. La sœur de sang Peugeot 508 GT Pack (225 ch, 52 060 €) est plus sportive mais marque le pas côté équipement et praticité. Attention cependant, ces deux rivales proposent une version break, point sur lequel la C5X fait l’impasse. Cela ne l’empêche pas de briller et de m’avoir surtout fait passer de très belles vacances. A recommander sans modération pour ceux pouvant surpasser la barrière stylistique.

On aime

  • Confort exceptionnel
  • Habitabilité généreuse
  • Equipement complet
  • Tarifs contenus

On regrette

  • Qualité de finition moyenne
  • Dynamisme en retrait
  • Style très…particulier

Verdict : 16,1/20 – Excellent

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