Essai Citroën C4 (2021) – Un petit nuage sur roues

Comeback chez les compactes

Dire que la Citroën C4 de deuxième génération a vécu une carrière mouvementée est un euphémisme. Née en 2010, la compacte aux chevrons a en effet connu d’importants changements au sein du groupe PSA dont la rude rupture entre Citroën et DS Automobiles en 2015. Passée cette date, Citroën est devenue une marque essentielle contrainte de revoir ses ambitions à la baisse. Le très timide lifting de 2015 est le reflet évident de cette cruelle chasse aux coûts. Pour ne rien arranger, la C4 a subi dans la deuxième moitié de sa carrière la concurrence interne de la C4 Cactus ainsi que la montée en puissance des SUV venus lui mettre des bâtons dans les roues. Cela explique alors par ricochet le succès d’estime de l’auto qui s’est écoulée à quelques 600 000 exemplaires en huit ans. Aujourd’hui, la marque française compte bien renouer avec le succès à travers une troisième génération au design bouleversé annonçant un retour aux sources. Pari réussi ou décision maladroite ?

Portrait – Vous avez dit bizarre ?

Agrandie de 3 cm par rapport au modèle remplacé, la nouvelle C4 affiche 4,36 m de long et fait ainsi jeu égal avec la Mégane. La Citroën revendique en sus un engagement stylistique bien plus fort. En effet, s’agit-il d’un SUV tendance, d’une berline familiale ou d’un coupé racé ? Peut-être les trois à la fois, qui sait ? Véritable micmac sur roues, la C4 assume entièrement son positionnement ambigu et rompt entièrement avec l’ancien modèle au design trop conservateur. L’avant présente par exemple d’atypiques feux de jour en forme de Y tandis que l’arrière joue l’originalité maximale avec une lunette scindée en deux par un becquet noir laqué. Composés d’une double couche alternant entre surface diagonale, plane et concave, les feux mettent en scène un assemblage pour le moins original. Ce serait cependant trop facile d’affirmer que cette C4 a tout inventé. La ligne de toit plongeante a par exemple été directement reprise de l’illustre GS, petite copieuse !

A bord – Etonnante sobriété

Passé la surprise extérieure, on s’attendait à retrouver la même audace stylistique à bord. Que nenni ! La petite Citroën devient des plus raisonnables et met en avant une planche de bord au dessin étonnamment sage. Celle-ci ne propose en effet rien d’inhabituel pour un modèle de la marque, ce qui, en soi, est véritablement inhabituel. La qualité des matériaux se révèle plutôt bonne si l’on n’est pas trop regardant sur les parties inférieures. Même son de cloche pour les assemblages qui ne souffrent d’aucune critique notable pour la catégorie. Les sièges de notre modèle d’essai en finition Shine Pack sont entièrement recouverts de cuir au grain assez gros et au toucher un brin rigide. La console centrale ainsi que la base de l’écran d’infodivertissement revêtent un plastique noir laqué certes chic mais très salissant au toucher et non moins sensible aux rayures. L’ensemble est malgré tout de bon augure. En proposant des commandes de climatisation physiques, la C4 prend à rebrousse-poil la tendance du tout-tactile, au bénéfice de l’ergonomie.

Ces mêmes commandes reflètent également une bonne sensation de qualité avec une belle lourdeur en ce qui concerne les molettes de ventilation et la platine regroupant les boutons de vitres électriques. Il en est de même pour les touches au volant bien ajustées et jouissant d’une résistance convenablement calibrée. Concernant le volant d’ailleurs, sa prise en main est agréable avec une jante ni trop fine ni trop épaisse et un cuir pleine fleur à l’aspect soigné. Les passagers seront à l’inverse déçus des poignées de maintien au niveau du toit qui ne respirent pas la qualité, leur manipulation étant trop légère. Excellent point en revanche pour les portières produisant un son mat à leur fermeture, aussi bien à l’avant qu’à l’arrière. Elles couvrent de plus les bas de caisse, empêchant ainsi de salir son pantalon à la descente du véhicule. 

Concentrée sur un petit écran de 5 pouces, l’instrumentation regroupe uniquement l’essentiel comme la vitesse, la lecture des panneaux, l’autonomie, le rapport engagé ou encore le régulateur de vitesse adaptatif. Minuscules, compte-tours et température moteur sont à la limite de l’illisible. Heureusement que le dispositif est secondé par un affichage tête haute en couleur autrement plus lisible. Situé au centre, l’écran tactile de 10 pouces gère pour sa part l’infodivertissement. Equipé de la précédente génération du système PSA, il est aujourd’hui naturellement dépassé. Si les graphismes sont tout justes corrects, la réactivité n’est pas au rendez-vous. Et comme sur les précédents modèles du groupe, l’affichage de la température ronge en permanence les deux extrémités de l’écran, laissant alors en réalité une diagonale utile de 7 pouces. L’histoire se répète pour le GPS qui n’est plus à la pointe et souffrant d’un clipping assez marqué. On recommande donc vivement l’utilisation d’Apple CarPlay ou Android Auto. Dommage qu’il faille obligatoirement passer par une prise USB-C pour profiter de cette fonctionnalité… On se consolera avec les rangements, particulièrement vastes et nombreux. Le coffre figure lui dans la moyenne avec un volume de 380 L tandis que les places arrière dispensent un espace aux jambes et à la tête acceptable.

Sur la route – Ode au confort ?

Les butées hydrauliques progressives. Il est vrai que Citroën mise énormément sur cette technologie pour vendre ses modèles. La marque nous affirme à coup de publicités que le système promet un effet tapis volant avec à la clé un niveau de confort digne des plus grandes. Alors, la C4 refait-elle la route comme son ancêtre la GSA ? Oui et non. A basse vitesse, le dispositif n’absorbe pas mieux les bosses que les Citroën équipées de suspensions classiques. En ville, on ne survole donc pas les plaques d’égouts, pavés et autres dos d’âne, on se contente de les atténuer. Attention, cela ne veut pas dire que la C4 est inconfortable, loin de là, l’auto est véritablement moelleuse. On s’attendait seulement à un peu plus de souplesse comme le promettait la marque. A des allures plus soutenues, ces fameuses suspensions prennent par contre tout leur sens, transformant alors les raccords de chaussée en de menues trépidations. Cette impression est renforcée par les sièges Advanced Comfort dotés d’une mousse d’accueil formant une surépaisseur de 15 mm. Dans tous les cas, la C4 figure dans le haut du panier de la catégorie en termes de confort et ce n’est pas une surprise.

Concernant la mécanique, le 1.2 PureTech 155 développant 155 ch et 240 Nm de couple distille de légères vibrations au ralenti à la fois dans la colonne de direction et le pédalier. Les reprises sont plutôt toniques mais assez surprenantes, surtout en seconde avec une arrivée de puissance parfois brutale. Ces quelques à-coups viennent ternir l’agrément en ville. Efficace, le Stop&Start peut dans de rares cas vous couper l’herbe sous le pied notamment à l’approche d’un cédez le passage. La direction très assistée fait des merveilles et se manie du bout des doigts, ce qui est parfait pour réaliser un créneau, d’autant que la caméra 360° veille et c’est heureux au vu de la visibilité de ¾ arrière médiocre. Et contrairement aux autres Citroën, la pédale de frein se montre facile à doser avec une course morte raisonnablement réduite et un freinage progressif bien que la voiture ait tendance à piquer du nez. Avec un pied droit de velours, le petit trois-cylindres sait se faire discret, n’élève pas trop la voix et œuvre de concert avec la boite EAT8 qui égraine délicatement ses rapports.

Mais ce même moteur devient nettement plus volubile lorsqu’on le mène à la cravache. Pied au plancher, accélérations et reprises sont très satisfaisantes mais la sonorité du PureTech se fait alors très envahissante. La boite EAT8 n’hésite d’ailleurs pas à descendre trois voire quatre rapports pour maintenir le moteur sur le régime idoine. Notons dans la foulée que la C4 affectionne peu les routes sinueuses. Sa direction demeure effectivement trop légère et isole de la chaussée, compliquant alors la lecture du revêtement en conduite dynamique. De plus, si d’aventure vous souhaitez attaquer les lacets au volant de votre véhicule, les lois de la physique vous rappelleront rapidement à l’ordre puisque les mouvements de caisse restent également assez marqués. Incongrus sur un tel véhicule, le mode Sport et les palettes au volant ne renversent clairement pas la donne. Sur autoroute, la française reprend des couleurs avec des bruits aérodynamiques bien étouffés laissant le relais à quelques bruits de roulement. Calée sur le 8ème rapport, la mécanique ne laisse échapper que des murmures et la consommation atteint tout juste 6 l/100 km à 130 km/h. Sur un parcours de 4 000 km mêlant ville, route et autoroute, le débit moyen s’est pour sa part établi à 6,4 l/100 km, une très bonne valeur pour la catégorie autorisant une autonomie de 780 km. Petite parenthèse nocturne pour terminer avec un éclairage LED de qualité nanti d’un faisceau d’une portée convaincante illuminant aussi les bas-côtés.

Concurrence

La nouvelle Citroën C4 ne démérite pas au moment de faire les comptes. Proposée à un prix d’appel de 20 900 €, la version PureTech 100 Live revêt une robe des plus modestes que nous ne vous recommandons pas. L’auto perd par exemple ses feux LED ainsi que ses jantes alu de 18 pouces pour des roues en acier de 16 pouces. Affichée à partir de 31 750 €, la PureTech 155 Shine Pack profite d’une présentation bien plus avenante. Quelques options coquettes comme le toit panoramique ouvrant (900 €) et le volant chauffant (150 €) portent la facture à 32 800 €. Mais pour cette somme, la concurrence est particulièrement alerte. Par exemple, une Mazda 3 (33 600 €, 184 ch) dispose d’une finition plus léchée tandis qu’une Skoda Scala (30 320 €, 150 ch) assure une habitabilité supérieure à un prix bien plus doux. Une Ford Focus (31 100 €, 150 ch) présente de son côté un tempérament plus sportif et une Toyota Corolla (32 050 €, 184 ch) sera largement plus sobre en milieu urbain.

Bilan

A défaut d’offrir une plastique qui plaît à tous, la nouvelle C4 a donc gagné son pari : celui de prodiguer un confort de haute volée à un tarif honnête. Pour couronner le tout, le beau coloris brun caramel équipant notre modèle d’essai est proposé sans supplément. Reste à composer avec une agilité passable sur route et un système d’infodivertissement qui a désormais fait son temps. Des défauts somme toute bénins pour la clientèle visée.

On a aimé

  • Personnalité affirmée
  • Confort de très bon niveau
  • Sobriété et tonicité du PureTech 155

On regrette

  • Conduite heurtée en ville
  • Agrément limité sur route
  • Infodivertissement désuet

Verdict : 13,8/20 – Bien

Un grand merci à Citroën pour le prêt du véhicule sans quoi cet essai n’aurait pas été possible.

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