Essai Škoda Enyaq Coupé RS iV (2023) – Stabilo Boss

Surlignage de circonstance

Stabiloter, c’est étiqueter tout ce qui nous intéresse de la plus belle des manières. Skoda semble avoir fait de même avec l’Enyaq Coupé RS iV dont la teinte Vert Mamba tend terriblement vers le Stabilo Boss. Et cela tombe à pic puisqu’il s’agit d’un modèle de haute importance. Ce gentil extraterrestre est la première Skoda RS électrique mais également l’auto la plus puissante jamais produite par la marque. A son tour de nous faire frémir, donc !

Le SUV sportif électrique n’est pas une idée nouvelle et Skoda n’en a clairement pas la primeur. Seulement, la marque tâtonne avec l’Enyaq Coupé RS iV qui est bel et bien sa première incursion dans le domaine. Pas de prise de tête sur la partie technique : comparé à un Enyaq standard, on booste allègrement la puissance du moteur arrière et on ajoute une machine électrique sur le train avant. Emballé, c’est pesé, cet Enyaq dispose au final de 300 canassons et 460 Nm de couple prêts à arracher le bitume. A basse vitesse, ça pousse effectivement fort. C’est vif, c’est rapide, c’est actif, bref, c’est assurément une électrique. Comme encapsulé dans une catapulte géante, le conducteur n’hésite pas à comprimer l’accélérateur pour réamorcer à volonté le délire. Attention alors à l’autonomie car cet Enyaq est inévitablement le plus gourmand de tous. 370 km en mixte, c’est un peu short pour une batterie de 77 kWh. Forcément que les 2 300 kg demandent force de ressources… Et une fois la raison reprise, on se rend finalement compte que le RS n’est pas le plus véloce de la classe. 

Athlète en bottes

Les 100 km/h sont atteints en 6,5 s, ce qui est bien, on ne dira certainement pas le contraire. Mais 6,5 s, cela reste trop par rapport à la concurrence qui descend aisément sous la barre des 5 s. Les Kia EV6 GT et Tesla Model Y Performance glissent même en-dessous des 4 s. Avec respectivement 585 ch et environ 450 ch, on pourrait hurler à la triche côté tchèque. Mais dans les faits, la comparaison demeure malheureusement valable puisque le coréen et l’américain demeurent proches du Skoda côté tarifs. L’accélération, un exercice puéril ? C’est pire lorsque la route serpente puisque le Tesla se montre infiniment plus efficace et le Kia nettement plus joueur avec son mode Drift. Le Skoda, lui, souffre d’une direction trop légère, d’une pédale de frein désagréable et d’une fâcheuse tendance à prendre du roulis. Forcément, un tel combo nuit inéluctablement au plaisir de conduire. Côté tchèque donc, c’est dur et une fois l’accélération mise à part, il est insipide à rouler. Pour garder la face, il peut compter sur un confort supérieur résultant d’un amortissement plus doux. C’est mieux que la concurrence, mais on reste à l’évidence sur quelque chose de ferme, notamment avec les jantes de 21 pouces. De toute manière, ce n’est pas réellement ce que l’on demande quand l’on vient frapper à la porte du blason RS. On cherche avant tout l’agilité d’une fléchette, la vivacité d’une sarbacane et la puissance de feu d’un mortier. A ce sujet, l’Enyaq Coupé RS ne déçoit pas, il reste seulement un ton en-dessous de la compétition. Dommage !

La star, c’est moi !

S’il est donc plutôt du genre endormi sur route, le tchèque a bien de quoi leurrer la foule puisque son habit ne manque clairement pas de chien. Passer inaperçu sous son Vert Mamba relève ainsi de l’exploit. Sa calandre rétroéclairée Crystal Face impressionne également de nuit. Cela manque un peu de finesse, il est vrai, mais il est bon à rappeler que l’Enyaq est un SUV qui demeure par essence foncièrement mastoc. Ce dessin grassouillet se retrouve donc naturellement chez ses petits copains. Pas le choix ! Et de là à le trouver beau, il y a un pas que je ne franchirai pas. En revanche, je change volontiers de disque concernant l’intérieur. L’habitacle est quasiment identique à un Enyaq classique, un bon point ! La présentation est épurée et les matériaux employés restent de bon goût. Quelques touches d’Alcantara par ci, des surpiqûres par-là… C’est sobre et sérieusement exécuté sans surcharge aucune. A l’inverse, l’ergonomie n’est pas le fort de l’Enyaq qui s’en remet trop au tout tactile. L’écran central fourmille de sous-menus pas toujours intuitifs et les réglages de la ventilation restent erratiques. Dommage car on s’y plaît sinon bien à bord du tchèque qui conserve toutes ses – belles – appétences familiales. Espace aux jambes ? Check. Garde au toit ? Check. Aspects pratiques ? Check. Volume de coffre ? Check. Idéal pour s’évader le temps d’un weekend du coup ? Sur le long ruban d’asphalte, le tchèque impose un arrêt recharge tous les 300 km. On est rassurés mais côté recharge par contre, on reste sur notre faim. 150 kW, c’est un peu juste par rapport aux autres. Patience requise avant de pouvoir retailler la route, donc. Café ? 

Trouble de la personnalité

Skoda a toujours été une marque cohérente mais cet Enyaq relève de l’exception. Il gagne un chouïa en dynamisme au prix d’un confort dégradé par rapport aux autres membres de sa famille. Il grappille aussi quelques secondes sur le 0 à 100 km/h au prix d’une autonomie plus réduite. Ce n’est malgré tout pas le grand frisson et pour un modèle estampillé RS, c’est fâcheux. On est pour le coup tenté de se questionner quant à la pertinence de cette version supposée sportive. Et vous ai-je parlé des prix ? A 70 410 €, il faudra nécessairement avoir les poches bien garnies. Qui voudrait franchement lâcher une telle somme là-dedans quand un Enyaq standard assure encore mieux son rôle familial pour bien moins cher ?

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