Essai Peugeot 2008 (2023) – Peugeot is the new Wolverine

Le roi des petits SUV se paie un lifting

Renouveler un best-seller comme le 2008 est un exercice particulièrement périlleux. Chaque idée un tant soit peu osée peut en effet guider intimement vers la gloire ou le naufrage. Et pour une simple mise à jour, aussi appelée restylage pour les initiés, la tâche demeure complexe, même lorsqu’on s’appelle Peugeot. Car le 2008, c’est plus de 1,4 million d’exemplaires depuis 2013 et une première place en Europe début 2021, toutes catégories confondues. Une performance impressionnante qui inciterait logiquement le Lion à y aller mollo sur les changements. 

Mais ça, c’est la théorie, car les faits sont têtus et à Sochaux, on aime le goût du risque. Pour enfiler la suite de sa carrière, le petit SUV revient ainsi avec une gueule plus expressive que jamais. En plus d’arborer le nouveau logo étrenné par la 308, le 2008 fait coup double en adoptant la nouvelle identité stylistique de la marque. C’est ainsi un spectaculaire triplé de griffes qui s’invite de part et d’autre de la calandre ton carrosserie. Wolverine aurait adoré. Ajoutons à cela des projecteurs LED au dessin inédit sur les versions GT. Ostentatoire ? C’est volontaire, forcément, car on trouve peu de changements en revanche pour le profil. Le 2008 se contente uniquement d’un nouveau jeu de jantes évoquant celles de la 408. Hélas, on bénéficiait des roues de 18 pouces optionnelles déjà présentes avant le restylage… Terminons par un arrière tout aussi frileux de modifications avec le monogramme Peugeot apposé entre des feux revisités.  

Une nouvelle interface qui change presque tout

A bord, le 2008 conserve une présentation drivée par l’originalité avec un i-Cockpit caractérisé par son instrumentation à lire au-dessus du volant. S’il demeure extravagant, l’ensemble impose toujours une position de conduite contrainte pour les gabarits exotiques – entendez par là que la posture est compliquée pour les grands comme pour les petits. Rebelote également concernant l’ergonomie, qui reste alambiquée. On ne va pas vous faire un dessin, l’essentiel des fonctions est une nouvelle fois uniquement accessible via l’écran central. Bienheureusement, l’interface du système d’infodivertissement corrige ses lenteurs et se met au niveau de la concurrence. Elle devient de fait plus intuitive, mais cela ne suffit pas à en faire un modèle d’ergonomie. A ces ennuis récurrents, il y a heureusement de quoi se réconforter : le français garde une planche de bord agréable à l’œil et au toucher. Mention spéciale au siège conducteur électrique et massant en Alcantara. Rare pour la catégorie, même si la fonction massage consiste simplement au gonflement et au dégonflement des lombaires. Et concernant l’habitabilité arrière, no problemo. L’espace est vaste au niveau des jambes et de la tête. Le perfect pour la famille ? Presque car, sans pour autant être mauvais, les 434 l offerts par le coffre sont tout justes dans la moyenne du segment, et ne comptez pas sur une banquette coulissante pour en améliorer la contenance, Peugeot n’y a pas pensé.

Une – forte – pression sur le bouton Start et le moteur froid délivre toute une tripotée de claquements malpolis. Eh oui, le 2008 que nous avons convié pour la semaine est équipé d’un bloc diesel qui est, selon les mauvaises langues, un attelage du siècle dernier. S’il est effectivement sonore en charge, il devient tout à fait fréquentable à vitesse stabilisée, d’autant plus que la boîte EAT8 l’accompagnant demeure des plus recommandables. Celle-ci gravit ses huit vitesses en douceur, jusqu’à se permettre de la roue libre pour grappiller quelques décilitres de carburant. On lui reprochera seulement des rétrogradages tardifs à l’attaque de la pédale de frein ainsi qu’un fonctionnement heurté juste avant l’arrêt du véhicule. Franchement apathique en mode Eco aux passages de rapports bien hâtifs, le 1.5 BlueHDi de 130 ch regagne de la vigueur sur le programme Sport. Si la réactivité devient appréciable, il reste trop haut dans les tours et le son moteur retransmis dans les enceintes est des plus caricaturaux. On restera finalement sur le mode Normal pour le reste du voyage… Et c’est tant mieux car niveau consommation, le BlueHDi régale : on peut rouler uniquement sur le couple (300 Nm) et se gratifier d’une moyenne de 5,1 l/100 km qui vaut clairement l’applaudissement.

De GT, il n’en a que le nom…

Et ça tient le pavé ? Disons que la direction est plutôt vive et le train avant accroche volontiers les courbes. En revanche, le roulis calme rapidement les ardeurs et n’incite clairement pas à la rigolade. Car en conduite soutenue, le français s’affaisse assez nettement en virages, tellement en fait que l’on croirait, pour grossir le trait, se balader dans une gentille Citroën. Forcément, avec un châssis de 208 sur lequel on a posé une carrosserie surélevée, il ne fallait pas s’attendre à une attitude de toupie enfilant les lacets. Et évidemment, pas de suspensions pilotées, on ne vous apprend rien… Du coup, c’est bien en ligne droite que tout va pour le mieux, avec un amortissement prévenant et une insonorisation plutôt convaincante sur autoroute. Concernant la conduite semi-autonome, c’est en revanche une autre histoire. Si le radar régule correctement la vitesse avec le véhicule suivi, le maintien de cap, lui, est étonnamment frêle. Mieux vaut surveiller sa trajectoire sous peine de quitter sa voie, c’est dire ! On comprend rapidement pourquoi une pareille option ne coûte que 340 €… Hélas, on ne dressera pas le même constat pour le reste du véhicule, au prix particulièrement élevé. 

Affiché à partir de 33 700 € en finition GT associée au BlueHDi 130, le 2008 n’est déjà pas donné. Et il réussit à monter encore plus haut puisque notre modèle d’essai blindé d’options atteint carrément les 38 040 €. Même après une bonne gorgée d’eau, la facture demeure salée pour un petit SUV. Pourtant, les raisons de se réjouir sont multiples, car pour qui veut un véhicule assez logeable, franchement confortable, joliment présenté, plutôt bien équipé et couronné d’une autonomie solide, ce 2008 nourri au mazout est loin d’être un mauvais choix. Avouons seulement que sa version électrique apparaît encore plus séduisante par son agrément forcément supérieur ainsi que par sa puissance et son autonomie toutes deux revues à la hausse. Malheureusement, l’histoire s’arrête là car le surcoût devient tout simplement délirant avec un prix minimal de 40 360 € en finition Active et même 43 750 € en version GT, hors options, bien entendu. Ça jette un froid comme dirait l’autre…  

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