Essai Peugeot 508 SW PSE (2021) – Trois super lettres pour un super break ?

Le break français qui a mangé du lion

Peugeot Sport Engineered. Voici trois mots qui auront la lourde tâche de remplacer la mythique appellation GTI officiant sur les hayons des modèles musclés depuis 1983. Futur collector en devenir, la 308 GTI aura ainsi été le dernier enfant d’une longue lignée, celle des Peugeot sportives à carburer entièrement au sans-plomb. La grande berline 508 ouvre aujourd’hui la voie à l’électrification avec comme ligne de conduite le plaisir de conduite associé au respect de l’environnement. Pari réussi ou combinaison maladroite ? 

Portrait – Une lionne sous testostérone

Avec sa ligne dynamique singeant un athlétique coupé cinq portes, la 508 de deuxième génération est incontestablement une réussite esthétique, à fortiori dans sa variante break SW. Partant sur cette excellente base, la version PSE enfonce encore le clou en transfigurant l’identité de l’auto à renfort d’artifices en tout genre. Jugez un peu : l’intégralité des éléments chromés comme les contours de vitres, les barres de toit et les logos passent en noir brillant. Avec ses lamelles flottantes, la calandre dessert à la PSE une allure assurément plus agressive que les autres 508. Ajoutons à cela la teinte Gris Selenium équipant notre modèle d’essai qui est également du plus bel effet, tout comme les jantes noires de 20 pouces reposant sur des pneumatiques Michelin Pilot Sport 4S. L’ensemble se marie d’ailleurs bien avec la couleur Kryptonite caractéristique de l’ambiance PSE. Cette teinte, oscillant entre le vert et le jaune – c’est vous qui voyez – s’invite discrètement sur les entrées d’air et les étriers de frein avant. Notons d’autre part que les jupes ont gonflé à vue d’œil et s’accompagnent d’écopes élargissant visuellement le véhicule. Même partition pour l’arrière rappelant pleinement les prétentions de ce break énervé avec un diffuseur doublé de deux sorties d’échappement généreusement dimensionnées. De près comme de loin, l’auto apparaît trapue avec des mensurations bien calculées (4,79 m de long, 1,86 m de large et 1,41 m de haut) et des voies légèrement élargies. Avec tout cet attirail, la 508 SW PSE assume donc entièrement son parti pris démonstratif qui ne manquera pas de faire réagir pareillement initiés et profanes. Cette audace se poursuit-elle dans l’habitacle ?

A bord – Le triomphe du raffinement sur la sportivité

Avec son original i-Cockpit enveloppant et sa position de conduite basse, la 508 PSE évoque là encore plus le coupé dynamique que la berline familiale. Pourtant, les différences sont plus ténues qu’on pourrait le penser avec les 508 plus roturières. L’habitacle signale ses quelques spécificités par des assises revêtant une sellerie mixant l’Alcantara, le tissu et la maille 3D, sublimée de surpiqûres Kryptonite. Ces dernières se retrouvent sur le volant et la planche de bord. Du bois façon essence de Zebrano fait son apparition et prend lieu et place de l’imitation carbone des autres 508. Les logos PSE prennent place sur les seuils de portes et à la base du volant. Pour le reste, la PSE reste bien – trop ? – proche d’une 508 GT Pack. On tirera alors la même conclusion concernant la qualité de finition : le tout respire le sérieux bien que des plastiques durs demeurent en partie basse. Dans ce sens, l’atmosphère dégagée est plus chic que sportive. Les occupants avant sont choyés avec des sièges réglables électriquement, chauffants et massants. Ceux du second rang sont en revanche moins gâtés avec un espace aux jambes limité rapporté au gabarit du véhicule. Ferme, la place centrale n’est à réserver qu’en dernier recours.

L’ergonomie générale réclame comme à l’accoutumée un temps d’adaptation avec un important recours au tactile pour les fonctions principales et ce, malgré l’apport bienvenu des touches piano. L’agencement des menus s’avère aussi un brin fouillis tandis que les graphismes de l’interface accusent un important retard sur la concurrence. Si l’instrumentation numérique fait un peu mieux avec des possibilités de configuration multiples, elle propose des modes d’affichage sans grande originalité puisque là-aussi entièrement repris des autres 508. Côté coffre, la 508 SW PSE fait figure de bonne élève avec une capacité d’emport de 530 l banquette arrière en place et de 1 780 l dossiers rabattus. Ces chiffres sont similaires à ceux des 508 SW thermiques, les batteries ayant élu domicile sous la banquette arrière. A côté de ça, le câble de recharge domestique prend place sous le plancher, ce qui n’est en revanche pas le cas du câble pour bornes publiques. 

Sur la route – Erreur de casting ?

Pour la première Peugeot sportive sous l’ère PSE, les ingénieurs du Lion ont entièrement retravaillé le châssis pour offrir des sensations de conduite aux petits oignons. La suspension pilotée permet en sus à la 508 SW PSE de dédoubler sa personnalité avec au choix un caractère plus dynamique ou plus ouaté. En mode Sport, direction et suspension se durcissent, le moteur se fait plus entendre et la boîte EAT8 tombe automatiquement un rapport. Sur parcours sinueux, les prises d’appui sont franches, le roulis est maîtrisé et le train avant s’avère précis. Les trois moteurs sont en alerte et produisent constamment 360 ch. Mais ceci n’est pas suffisant pour transformer l’auto en une sportive patentée et ce pour deux raisons. Son gabarit d’abord n’est pas des plus faciles à appréhender et induit une masse particulièrement élevée. La pédale de frein ensuite réitère le défaut propre aux modèles hybrides, à savoir un dosage pas vraiment évident avec une brusque transition entre le freinage régénératif et le freinage à friction. Dommage car les vrais freins, repris de la 308 GTI, demeurent très efficaces.

En mode Confort, l’amortissement se veut un poil plus conciliant pour les vertèbres des passagers avec une meilleure absorption des chaos de la route. Même chose pour le moteur dès lors plus assagi même si on lui apprécie toujours une réactivité certaine quand la pédale d’accélérateur est pressée à fond. En ville, il faudra composer avec une visibilité arrière réduite et un long capot à l’extrémité peu visible. Les suspensions sont également plutôt raides à basse vitesse, même en mode Confort. C’est donc sur autoroute que la 508 SW PSE brille grâce à ses sièges confortables et son insonorisation générale poussée. Seuls quelques bruits de roulement pourront remonter à bord sur revêtement dégradé et troubler la quiétude des occupants. Après 2 900 km parcourus, l’ordinateur de bord nous a affiché un très joli 6,2 l/100 km de moyenne avec un peu d’éco-conduite ici et là. Côté électrique, nous sommes parvenus au mieux à rouler pendant 37 km sans brûler la moindre goutte de sans-plomb.

Cette prouesse pu être accomplie grâce au choix technique de Peugeot qui est, il est vrai, une véritable usine à gaz. L’avant accueille le 1.6 PureTech (200 ch et 300 Nm de couple) accompagné d’un moteur électrique développant 110 ch et 320 Nm de couple. L’arrière présente un autre électromoteur de 113 ch et 166 Nm de couple. C’est ce dernier qui va faire avancer la voiture en mode électrique. En mode hybride, cela se complique. Au-delà de 60 km/h, le 1.6 PureTech va propulser les roues avant et pourra être aidé du moteur électrique avant ou arrière. Dans d’autres cas, le PureTech va uniquement tourner pour alimenter les batteries tandis que le(s) moteur(s) électrique(s) avant et/ou arrière prennent le relais.  

Concurrence

Cette complexité sur le papier se paye au moment de passer en caisse. La 508 SW PSE s’affiche à partir de 68 950 €, un tarif haut perché en partie justifié par un niveau d’équipement royal (sièges massants, sonorisation Focal, vision de nuit, sellerie Alcantara, etc.) bien que parfois lacunaire (toit panoramique toujours en option, feux Matrix LED et Park Assist indisponibles par exemple). Cela place alors la Française dans de hautes sphères en compagnie d’autres breaks premium comme la BMW 330e xDrive Touring M Sport (63 200 €, 292 ch) ou la Mercedes C300e Estate AMG Line (64 050 €, 313 ch). Si les deux Allemandes ne sont pas aussi puissantes, elles pourront compter sur une qualité de finition supérieure et un infodivertissement infiniment plus performant. D’autre part, la Mercedes abat une autre carte maîtresse, l’autonomie électrique qui plafonne à 111 km en cycle WLTP, soit plus du double de la Peugeot ! Et si les Allemandes ne vous tentent pas, vous pourrez aussi vous tourner vers la Suède avec la Volvo V60 T8 Recharge Ultimate (69 800 €, 350 ch) qui demeure un bon choix qui plus est exotique.

Bilan

Avec son style extérieur pour le moins spectaculaire, la 508 SW PSE file à merveille la métaphore sportive. Au volant, on se rend pourtant compte que les apparences peuvent être – très – trompeuses. Les sensations de conduite suggérées par la carrosserie se retrouvent en effet vite étouffées par le poids élevé de l’ensemble. Cette 508 musclée est avant tout un véhicule d’image pour Peugeot et n’a d’intérêt que pour les entreprises pouvant alors esquiver les taxes par le jeu de l’hybride rechargeable. Pour les autres, nous ne pouvons que leur conseiller de se diriger vers la 508 SW HYBRID 225 en finition GT Pack, presque aussi bien équipée et surtout affichée 13 000 € moins chère.  

On aime

  • Le style extérieur et intérieur
  • Le confort général
  • La consommation raisonnable rapportée à la puissance

On regrette

  • Le tarif élevé
  • Les sensations de conduite aseptisées
  • L’habitabilité aux places arrière
  • L’infodivertissement dépassé

Verdict : 12,9/20 – Acceptable

Un grand merci à Peugeot pour le prêt du véhicule sans quoi cet essai n’aurait pas été possible.

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