Essai Peugeot 3008 (2021) – Le SUV met les doigts dans la prise

Le 3008 est de retour

Il est devenu millionnaire durant l’été. Le Peugeot 3008 de deuxième génération a en effet franchi la barre symbolique du million d’exemplaires produits à l’usine Stellantis de Sochaux. Si le chiffre reste modeste comparé aux ventes des iconiques 205 et 206, ce serait mauvaise langue de ne pas appeler cela une success-story. Et cela prend tout son sens quand on se rend compte que le SUV est commercialisé depuis 2016, une paille comparé à la 206, restée présente dans les concessions européennes de la marque pendant quinze ans. En 2020, le 3008 s’est refait une beauté en recevant le traditionnel restylage de mi-carrière. Les modifications seront-elles suffisantes pour que le roi reste sur son trône ?

Portrait – Une rhinoplastie bel et bien visible

L’adage disait qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Peugeot l’a pourtant fait. Pour ce qui est censé être un simple restylage, le 3008 présente en effet un tout nouveau visage. Le SUV affine ses optiques et gagne les crocs lumineux initiés par la 508 et repris depuis par toute la gamme Peugeot. La calandre met en avant des picots évolutifs et offre un effet flottant particulièrement réussi aux extrémités. Le logo 3008 fait pour sa part son apparition sur le bout du capot. Notons également des écopes latérales noir laquées placées sous les feux élargissant visuellement le véhicule. De profil, les différences se résument à l’apparition de nouveaux jeux de jantes sur les versions haut de gamme. Plus timides qu’à l’avant, les changements concernant la partie arrière restent néanmoins bien visibles. Les feux sont désormais intégrés dans une vitre fumée et se caractérisent par des formes bien plus travaillées qu’auparavant. Les LED dispensent un élégant effet 3D tandis que les clignotants sont à défilement. Toutes les finitions disposent aussi d’un éclairage LED de la plaque d’immatriculation. Notre version est équipée de l’option Black Pack transformant tout le chrome en éléments noirs laqué, satin, mat et verni. Les jantes noires de 19 pouces sont également spécifiques. Pour le reste, le 3008 reste le 3008, avec une silhouette dynamique aux angles marqués reprise du concept Quartz de 2014. 

A bord – Une planche de bord retouchée en douceur

Contrairement à l’extérieur qui joue – pour un restylage – la carte du bouleversement, l’habitacle reçoit de modestes modifications. Ce n’est pas une mauvaise chose car le i-Cockpit, véritable marque de fabrique de Peugeot depuis la première 208, apporte un véritable vent de fraîcheur par rapport à la concurrence. On retrouve ainsi le petit volant doublé du combiné d’instrumentation en position haute. A l’occasion du restylage, ce combiné adopte la technologie Normally Black permettant des noirs plus profonds et un meilleur contraste entre les couleurs. Si visuellement, le i-Cockpit en jette, la position de conduite peut être soumise à contraintes selon les conducteurs. Nous n’avons pas relevé cet écueil car dans notre cas, le haut du volant ne cache aucunement les compteurs. Au centre ensuite se trouve le changement le plus notable qui est sans conteste la dalle numérique affichant une belle taille de 10 pouces, sauf pour l’entrée de gamme conservant l’écran de 8 pouces des modèles avant restylage. Les touches piano sont de la partie, tout comme l’imposante console centrale renforçant l’aspect cockpit de l’habitacle. Les plus observateurs auront aussi remarqué l’arrivée d’un rétroviseur intérieur sans cadre. Les assemblages sont de bonne facture et les matériaux employés sont soignés, à fortiori sur la finition GT Pack de notre modèle d’essai revêtant du TEP et de l’Alcantara Gris Gréval sur les sièges, la planche de bord et les contreportes. La qualité de finition est globalement supérieure à celle du Volkswagen Tiguan. Quelques plastiques durs demeurent en partie basse et sur le haut des contreportes arrière mais de manière générale, l’ensemble supporte très bien le poids des ans. 

Ce qui a en revanche très mal vieilli, c’est l’infodivertissement. Véritable point noir du 3008, le système apparaît effectivement très en retrait par rapport à la concurrence. L’écran n’est pas d’une grande réactivité, les fonctionnalités sont limitées et les graphismes datés. La compatibilité Apple CarPlay et Android Auto permet heureusement de pallier nombre de ces écueils. Si cela est une bonne nouvelle, l’écran de votre smartphone s’affichera en revanche sur une diagonale de 8 pouces, le système réservant en permanence deux barrettes latérales en tant que raccourcis pour la ventilation. C’est surtout en passant la marche arrière que ça cogne. La caméra de recul dispense une résolution très moyenne. Même combat pour la vision 360° équipée en réalité de deux caméras. Le système se contente de mémoriser l’environnement avant et arrière et en dessine une représentation approximative au fur et à mesure que le véhicule se déplace. Dans l’ensemble, l’interface ne nous a pas convaincus, surtout sur le véhicule haut de gamme qu’est ce 3008 GT Pack. Vivement la nouvelle interface du groupe Stellantis étrennée par les nouvelles 308 et DS4 !

Si l’infodivertissement est en deçà de la concurrence, les mélomanes seront en revanche conquis par la sonorisation Focal à 10 haut-parleurs et 515 W délivrant un son haute-fidélité de très bonne qualité. L’ambiance boîte de nuit est d’ailleurs amplifiée par l’éclairage d’ambiance bleu logé dans les contreportes. Projetée sur les inserts latéraux, cette lumière ne peut néanmoins pas être personnalisée et propose une seule et unique couleur. Côté ergonomie, le 3008 ne fait par contre toujours pas référence. Regrouper les commandes de ventilation uniquement via l’écran tactile reste peu pratique et ce, malgré les touches piano et les barrettes latérales susmentionnées. Cachée derrière le volant, la commande de régulateur et limiteur de vitesse demande un léger temps d’adaptation et peut interférer avec le commodo des clignotants. Les rangements sont nombreux avec notamment des vide-poches recouverts de feutrine et un très profond bac central réfrigéré situé sous l’accoudoir avant. Placés juste devant cet accoudoir, les porte-gobelets peuvent gêner sur les modèles en boîte manuelle. Notons enfin au fond de la console centrale un emplacement pour smartphone avec chargeur à induction complété par une prise USB-A et une prise 12V. 

En passant à l’arrière, on est agréablement surpris dans un premier temps par le son des portes mat donnant une sensation de grande qualité. L’espace aux jambes est satisfaisant, tout comme la garde au toit. Le passager du milieu sera ravi par l’absence de tunnel de transmission mais devra en revanche composer avec un dossier plus ferme et un espace plus restreint, banquette oblige. Sur cet aspect, un Skoda Karoq est plus accueillant avec une banquette coulissante et des tablettes aviation au dos des sièges avant. Le 3008 peut répliquer par d’imposants volets d’aération, une prise 12V et deux prises USB-A pour les occupants arrière.

Avec une large ouverture et un seuil bien bas, le coffre s’avère pratique et s’ouvre via un hayon motorisé main-libres sur les versions haut de gamme. Son volume fait aussi référence avec 520 L et son plancher modulable permet d’éviter une marche une fois la banquette arrière rabattue à l’aide des poignées placées sur les parois. Ajoutons à cela des rangements supplémentaires sur les côtés, des crochets d’arrimage et une prise 12V. En version hybride rechargeable, le coffre passe à 395 L mais l’habitabilité arrière est préservée. Le plancher plat disparaît, les batteries ayant élu domicile sous la banquette arrière. Notons quelques petites attentions comme une poignée de faux plancher chromée. Un éclairage LED de la zone de chargement aurait en revanche été le bienvenu pour plus de modernité.

Sur la route – Quand l’électrification magnifie la conduite

Contact et…aucun bruit si ce n’est un petit bip confirmant la mise en route du véhicule. Le 3008 HYBRID démarre en effet presque toujours en mode électrique. Rappelons que notre modèle d’essai combine le 1.6 PureTech 180 à un électromoteur de 110 ch pour une puissance cumulée de 225 ch envoyée aux roues avant. Selon la charge de la batterie de 13,2 kWh (10,8 kWh utiles) et le style de conduite adopté, il est possible de rouler jusqu’à 135 km/h sans réveiller le moteur thermique notamment avec le mode Electric, forçant le roulage en électrique. Nous avons d’ailleurs relevé une autonomie de 48 km sur un trajet extra-urbain en pratiquant un peu d’éco-conduite, un score pas si éloigné des 56 km annoncés par Peugeot. Le mode Hybrid propose pour sa part un compromis entre électrique et thermique afin d’optimiser la consommation de carburant. Le 3008 n’hésite alors pas à mettre en veille sa partie thermique à l’arrêt, à basse vitesse et en phases de décélération. Le mode Sport enfin fait œuvrer de concert les moteurs électrique et thermique afin de donner les meilleures performances possibles (0 à 100 km/h en 8,7 s et 225 km/h en vitesse de pointe). Pour ce qui est de la charge, le 3008 HYBRID est fourni avec un connecteur Type 2 de 3,7 kW permettant une batterie pleine en 6h. Un chargeur optionnel de 7,4 kW réduit le temps de charge à 2h.

En ville, le Peugeot rassure son conducteur avec ses dimensions compactes (4,47 m de long et 1,84 m de large), ses grands rétroviseurs et son capot bien visible depuis le poste de conduite. La visibilité périphérique est en revanche moyenne avec des montants A épais et une vue de ¾ arrière perturbée par une ceinture de caisse haute. Le 3008 reste malgré tout facile à appréhender en milieu urbain grâce à sa direction légère et son diamètre de braquage réduit (10,6 m entre trottoirs). Le freinage n’est en revanche pas évident à doser et réclame un petit temps d’adaptation. La transition entre les freins régénératifs (mode B) et les freins à friction n’est pas d’une grande douceur et peut surprendre. Ce problème est commun à la majorité des voitures hybrides et électriques. A l’inverse, l’association électrique-thermique fait des merveilles. Les évolutions dans les bouchons se font sans heurts tandis que le couple instantané prodigué par le moteur électrique fait passer les insertions sur les giratoires en formalité. Pour ce qui est de l’amortissement, le 3008 apparaît un brin ferme à basse vitesse avec des réactions parfois sèches sur les dos d’ânes et plaques d’égout.

C’est sur route sinueuse que le 3008 déroule tout son talent. Relié à un train avant particulièrement précis et accrocheur, le petit volant transforme les enchaînements de courbes en véritables parties de plaisir, ce qui n’était pas gagné d’avance pour un SUV. Malgré le surpoids induit par les batteries (1 761 kg au total), le véhicule reste agile, le sous-virage apparaît tardivement et le train arrière enroule lui aussi les lacets avec brio, permettant sans risque une conduite enjouée. Les sièges maintiennent aussi plutôt bien les occupants. Bien entendu, si la vitesse augmente, le 3008 tend à s’affaisser dans les tournants marqués malgré d’habiles prises d’appui, rançon d’un amortissement demeurant somme toute assez souple. Dans ce domaine, seul un Ford Kuga peut tutoyer le Français qui reste une référence. Et côté confort justement, le SUV du lion assure là aussi une prestation de très bon niveau, y compris sur routes très accidentées même s’il n’offre pas le moelleux d’un Citroën C5 Aircross. La boîte de vitesses électrifiée e-EAT8 égraine en douceur ses rapports et rétrograde au bon moment pour rester sur le rapport optimal en conduite sportive.

Sur autoroute, le 3008 se révèle être un très bon compagnon de voyage avec une insonorisation soignée. Les bruits de roulement sont quasiment inaudibles et les bruits d’air à peine présents. A haute vitesse, on sent la voiture stable et peu de corrections sont nécessaires pour rester au centre de sa voie. L’amortissement est également de haute volée sur les grandes ondulations et autres raccords de chaussée. Le Pack Drive Assist Plus, qui autorise une conduite semi-autonome de niveau 2, est plutôt performant et fonctionne également dans les zones de chantier au marquage parfois hasardeux. Sa fonction Stop&Go rend aussi bien service dans une circulation en accordéon. Au chapitre consommation, le 3008 HYBRID fait bonne figure avec une moyenne de 7,1 l/100 km relevée sur un parcours autoroutier, batterie déchargée. Les concurrents s’avèrent nettement plus goulus. En mode hybride, le bilan est tout aussi brillant, avec un débit de 4,8 l/100 km sur un parcours mixte. Seul le réservoir réduit à 43 L (53 L pour les versions purement thermiques) augmentera la fréquence des ravitaillements sur autoroute.

Concurrence

Proposé à partir de 32 350 €, le Peugeot 3008 s’affiche globalement plus cher que la concurrence généraliste même si son équipement de base est aussi légèrement plus riche. Notre modèle d’essai en finition haut de gamme GT Pack associé à la motorisation HYBRID 225 réclame au minimum 50 200 €. Il est alors plus dispendieux que ses cousins techniques Opel Grandland Ultimate (225 ch, 47 750 €) et Citroën C5 Aircross Hybrid Shine Pack (225 ch, 45 450 €). Avec quelques options plaisantes comme, entre autres, la peinture Rouge Ultimate (850 €), la vision de nuit (1 400 €), le Black Pack (300 €) ou encore le toit ouvrant panoramique (1 200 €), la facture grimpe au final à 54 260 €. Ce tarif salé place d’office notre 3008 dans les sphères premium. Les Audi Q3 e S line (245 ch, 51 370 €), BMW X1 xDrive 25e M Sport (220 ch, 52 250 €) et Mercedes GLA 250e AMG Line (218 ch, 51 599 €) demandent en effet des sommes voisines mais proposent aussi un blason plus prestigieux. Plus cher, un Toyota RAV4 Hybride Rechargeable Collection (58 100 €) offre en contrepartie quatre roues motrices, une puissance de 306 ch et surtout une autonomie électrique bien supérieure avec 75 km. A l’autre extrémité, un Ford Kuga Hybride Rechargeable Vignale jouit de caractéristiques techniques similaires à celles du Peugeot mais avance un prix plus doux (47 000 €).

Bilan

En faisant appel à la fée électricité, le 3008 renforce encore la qualité de ses prestations. Ses fondamentaux que sont la présentation intérieure et extérieure, la tenue de route et le confort demeurent. Ils sont aujourd’hui rejoints par une douceur de fonctionnement bienvenue servant parfaitement les trajets domicile-travail avec à la clé des économies de carburant substantielles. Et des économies, il en faudra certainement beaucoup pour rentabiliser le prix élevé du véhicule. Si vous êtes un habitué de la mobilité pendulaire et que vous respectez scrupuleusement les cycles de recharges, le 3008 HYBRID 225 se place en proposition sincère. Si vous parcourez de petites distances dans l’année, le 3008 PureTech 130 vous tend les bras car bien moins cher à l’achat et suffisamment sobre. Quant aux gros rouleurs, nous ne pouvons que les exhorter de se rabattre sur la version BlueHDi 130, moins gourmande sur autoroute et surtout affichée 6 700 € de moins que l’HYBRID 225.

On aime

  • Présentation avenante
  • Compromis confort/tenue de route toujours de haut niveau
  • Consommation raisonnable

On regrette

  • Tarifs coquets
  • Infodivertissement suranné
  • Equipements encore en option sur le haut de gamme

Verdict : 13,9/20 – Correct

Un grand merci à Peugeot France pour le prêt du véhicule sans quoi cet essai n’aurait pas été possible.

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