Essai Škoda Fabia (2023) – Polo prends garde à toi !

La reine des citadines ?

Aujourd’hui, nous allons parler de Fabia. Autant vous relaxer tout de suite, ce n’est pas votre voisine bizarre qui vit seule, mange seule, sort seule, parle seule et jette des regards suicidaires à toute la copropriété. Nope. Je vous parle d’une autre Fabia plus commode et qui fout accessoirement moins les chocottes. Vous avez ma parole, contrairement à certaines monstruosités qui donnent envie d’arrêter la production de l’espèce humaine, la Fabia de Škoda va assurément sauver le monde.

Sans sucre et sans fioritures

Vous le voyez l’Activia nature coincé au fond de votre frigo et déjà périmé depuis trois mois ? Vous savez pertinemment qu’il vous veut du bien et que lui seul pourra compenser la dinde aux marrons, la bûche glacée et les papillotes pralinées… Pourtant, dans la seule raison du destin, vous lui préférez constamment ce pot de crème dessert aussi charmant que craignos pour vos miches. Eh bien c’est la même vinaigrette pour la Fabia qui préfère jouer sur du velours question style. Son truc, c’est le pragmatisme et dans le genre sexy, vous irez ailleurs. La face avant typiquement Škoda est banale, le profil typiquement Škoda est banal et l’arrière typiquement Škoda est banal. Oui, les feux sont plus ciselés que sur la précédente génération, l’auto a pris en longueur (+11 cm) et en largeur (+5 cm) et des nervures font leur apparition ici et là, je le reconnais. Oui, mon modèle d’essai rouge Monte Carlo saupoudre une pointe de piquant bienvenue, je ne le nie pas : finition noir brillant, jupes spécifiques, jantes de 18 pouces et diffuseur ajoutent effectivement un soupçon rebelle. Mais ces gimmicks peinent à éloigner la Fabia de l’excès de fadeur. Du coup, vous choisirez dans l’éventualité la plus probable cette crème dessert que vous venez pourtant d’acheter. J’aurai fait la même chose quitte à prendre trois kilos. Fichtre. 

« Une petite prodige à bord »

La Fabia a donc une revanche à prendre dans l’habitacle. Dont acte, en ouvrant les portières, on flaire tout le talent de la petite Škoda. L’espace est extrêmement généreux à l’avant comme à l’arrière et le coffre figure parmi les meilleurs de la catégorie à 380 l. En bonus, le grand toit panoramique rend l’habitacle agréable à vivre. Nous tenons à ce chapitre une nouvelle virtuose. Régulateur de vitesse adaptatif, aide au maintien dans la voie, feux à LED, climatisation automatique bizone, caméra de recul, rétroviseurs électrochromes, contrôle du véhicule à distance… L’équipement est assez fourni. Le Digital Cockpit de 10,25 pouces complète un écran tactile de 9,2 pouces tous deux assez intuitifs à l’usage. Nous y reviendrons. Fait rarissime, les réglages de la ventilation sont physiques et servent ainsi l’ergonomie. « Simply clever » oblige, la citadine va encore plus loin pour faciliter la vie de ses occupants. C’est en explorant toutes les petites attentions que l’on ressent en effet la délicate intelligence de la Fabia. Le grattoir dans la trappe à carburant, le parapluie dans la porte conducteur, le porte-gobelets futé, le coffre modulable à souhait, le support pour ticket sur le pare-brise, l’orifice de lave-glace se transformant en entonnoir… Et le service à table aussi ? Négatif. Privilégiez la Business Première de la SNCF dans ce cas-là. Ah zut, c’est vrai qu’il n’y avait plus de trains pour Noël… Fichtre bis.

Raisonnablement sportive

Oublions nos amis du rail et revenons à la présentation intérieure : l’ensemble est moderne et sérieusement assemblé bien que ce soit le règne du plastique dur. Sur cette finition Monte Carlo, des inserts rouges viennent égayer l’ambiance. Même partition concernant le placage façon carbone sur le tableau de bord. Mention spéciale aux sièges baquets et au volant sport qui se montrent aussi bien sympas. Un combo idoine pour braver le catastrophisme ambulant des versions de base empestant la décence abandonnée. Oui, rien que ça. Je tiens également à adresser mes sincères félicitations à Škoda qui est parvenu à trouver un nom – presque – original pour leur combiné d’instrumentation numérique. Le Digital Cockpit, ça fait moderne et ça n’interfère pas avec le Virtual Cockpit d’Audi ou l’Active Info Display de Volkswagen. Chez SEAT en revanche, bah c’est le Digital Cockpit. Heureusement qu’on est en famille car les procès s’échangeraient comme des balles sur le court Suzanne-Lenglen. Bref, retournons à ce fameux Digi’ Cockpit. Réactif et lisible, il fait référence dans la catégorie. C’est un peu moins vrai pour l’écran tactile qui l’accompagne, à mi-chemin entre l’îlot de douceur et le lit à clous du fakir. Côté pile, il se montre très complet avec de beaux graphismes. Côté face, son ergonomie n’est pas des meilleures. Les sous-menus s’empilent les uns sur les autres comme les passagers – sardines ? – du RER A en heure de pointe. A ce train-là, ne vaudrait-il pas mieux qu’ils prennent la Fabia plutôt que le RER ?

« Rationnelle et sage sur la route »

Loin de promouvoir la mobilité individuelle qui n’a clairement pas sa place dans nos villes, la Fabia m’a tout de même surpris par son homogénéité. Malgré la puissance confortable de 150 canassons et un couple de 250 Nm, la prise en main de la citadine est immédiate. Le 1.5 TSI connaît les bonnes manières : discret et peu vibrant, il délivre très progressivement son punch, ce qui limite grandement les à-coups en ville. Mes remerciements à la boîte DSG7 alerte en toutes circonstances, sauf à très basse vitesse où elle peut jouer de maladresse. A l’inverse, l’amortissement est très satisfaisant quelle que soit l’allure et ce, malgré le châssis Sport et les jantes de 18 pouces de notre modèle d’essai. On peut bénéficier de l’option suspension pilotée mais elle ne m’apparaît pas indispensable tant la filtration est bonne. Sur autoroute, l’insonorisation reste plutôt correcte pour la catégorie avec des bruits aérodynamiques maîtrisés. Et quand vient l’heure des lacets, notre Fabia est-elle justement « Monte Carlo » ? Pas vraiment, la tchèque a la fâcheuse tendance à prendre du roulis dans les courbes et la direction ne se montre pas assez communicative. Un blason Monte Carlo sur une voiture qui n’est pas sportive et c’est l’inévitable facepalm ! Imaginez maintenant sur la version de base avec des roulettes de 15 pouces, un gentil petit bateau en somme… Allez, on termine sur une bonne note : la consommation ! 5,6 l/100km, tout simplement. Côté concurrence, ça va être tendu des fesses pour faire mieux.

Sérieuse dans une catégorie blindée

Brillante dans la catégorie des citadines polyvalentes, la Škoda Fabia 1.5 TSI 150 Monte Carlo vous offre ses services contre 27 220 €. Quand l’on rajoute ses quelques options sympathiques, notre modèle d’essai atteint les 30 470 €. En allant fouiller chez le voisin SEAT, on trouve l’Ibiza 1.5 TSI 150 FR (28 700 €, 150 ch) au tempérament plus sportif. Mais c’est inutile de poursuivre plus loin dans le groupe : la Volkswagen Polo ne propose plus le 1.5 TSI tandis que l’Audi A1 est d’office hors-jeu de par ses tarifs. Cherchons donc plus original du côté de Suzuki avec la Swift Sport (20 250 €, 145 ch) au prix extrêmement agressif. Sur route, la japonaise est bien plus joueuse que la tchèque mais elle est en revanche moins confortable, moins pratique et impose la boîte mécanique. Renault propose pour sa part la Clio TCe 140 RS Line (26 500 €, 140 ch) avec une qualité de finition au top mais une boîte manuelle là encore obligatoire. Enfin, on peut jeter un œil à la Ford Fiesta 1.0 EcoBoost 140 ST Line au châssis remarquable. J’ai bien dit « on peut » car la Fiesta a définitivement quitté le catalogue de l’ovale et ne sera pas remplacée. Oui, c’est un drame. Press F to pay respect to the Fiesta comme diraient les jeunes.

En tout cas, je reprendrai bien de la bûche glacée. Et rajoutez-moi une Fabia, tiens !

On aime

  • Habitabilité record
  • Confort de bon niveau
  • Equipement complet
  • Moteur performant et sobre

On regrette

  • Style impersonnel
  • Comportement routier fade

Verdict : 16,2/20 – Excellent

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