Essai Cupra Born (2023) – Born to be wild

L’ID.3 parée pour Halloween

« A new Cupra is Born ». Voilà le doux message ce que l’on peut lire sur certaines brochures présentant sa majesté protégée. Oui enfin, loin de vouloir jouer les rabat-joie, toute nouvelle, il ne faut pas exagérer non plus. Si le Formentor est effectivement un modèle unique et que les Leon et Ateca dérivent de Seat, la Born est plus du genre trahison en quittant le moule familial. Cupra aurait-il choisi la facilité en utilisant la Volkswagen ID.3 comme base pour sa première voiture électrique ? Si côté experts, on pourrait palabrer sur les points communs entre l’Espagnole et l’Allemande, chez les profanes, ces jacasseries techniques ne sont que billevesées. A tort ou à raison ? Voyons le contenu de ce joyeux panier pour le vérifier.  

Une compacte électrique au sang chaud

Trois ans qu’elle attendait ça. La voilà enfin arrivée dans les concessions, prête à tailler des croupières à sa sœur de sang. La Born emprunte sans vergogne les soubassements de l’ID.3 et techniquement parlant, c’est bonnet blanc et blanc bonnet, à quelques broutilles près. Mais de l’extérieur, futé est celui qui pourra constater la gémellité entre les deux modèles puisque l’opération camouflage est un succès. C’est bien simple, quand l’ID.3 se caractérise par son côté jovial et presque jouet pour enfant, la Born y oppose une attitude d’adolescente rebelle. Sa bouche béante agrémentée de picots triangulaires lui confère un visage colérique. La lame couleur bronze et les feux ciselés apportent eux aussi une touche ardente et, il faut le dire, un brin provocatrice [euphémisme]. Et de profil, la Born poursuit sa démonstration avec des bas de caisse type compétition et des jantes de 20 pouces aux accents cuivrés. Terminons par la poupe où l’auto renchérit son caractère mordant avec un imposant aileron accompagné d’un diffuseur ostensible [euphémisme bis]. Les plus pragmatiques hurleront au tuning. Navré de les décevoir, mais ils sont largement hors-sujet. Demander à une Cupra d’être discrète, je pense que vous l’aurez compris, c’est comme avoir encore du respect pour Kim Kardashian : c’est mort.

« Coup de frais pour la planche de bord, cela fait du bien »

Et le tour de passe-passe continue de plus belle à bord ! L’esprit plastique et convivial de l’ID.3 laisse place à un habitacle plus cossu à la présentation sportive. De ce fait, les couleurs bigarrées – abracadabrantesques – excentriques (rayer la mention inutile) usitées par la Volkswagen se voient fatalement remplacées par le duo noir/bronze. De l’aluminium et de l’Alcantara font aussi leur apparition et valorisent l’ensemble, au même titre que les surpiqûres cuivrées étoffant la planche de bord. Aussi, les sièges baquets arrivent en série et peuvent accueillir une fonction chauffante et massante. A l’arrière, l’espace est vaste et les sièges supportent bien les cuisses mais c’est la bamboche du plastique dur. Le volume de coffre fait bonne figure avec 385 l. Retour à l’avant, où l’agencement de la planche de bord prend une fois de plus un virage sportif. Le rangement entre les sièges avant type C4 Picasso disparaît au profit d’une console centrale haute séparant promptement les occupants avant. L’écran tactile mesure 12 pouces au lieu de 10 dans l’ID.3 tandis que l’instrumentation numérique est flanquée sur la colonne de direction. Classe ? Pas forcément. Moderne ? Assurément. Et cela colle parfaitement à l’esprit recherché par Cupra. Passons maintenant à l’ergonomie car l’histoire prend ici une tournure un peu amère.

La délicate épreuve du tout tactile

Oui, le tout tactile dans la Born, c’est un magnifique exemple de la grande fatalité de la vie. Touches au volant, platines de ventilation et d’éclairage, plafonnier, infodivertissement et commandes des vitres arrière, presque tout se contrôle par simple effleurement. Et c’est là que le bât blesse. A chaque fois, on a l’espoir que le régulateur va sagement garder la vitesse demandée, à l’abri de la paume de votre main, qui va pourtant, fatalement, cruellement, car c’est son destin, modifier l’allure du véhicule. Régler sa vitesse avec raisonnable élégance et juste dignité devient impossible. Des mains moites, des paluches tremblotantes ou des doigts gras, impérissable souvenir de votre dernier kebab (sauce mayonnaise car vous aimez vous faire du mal) et paf, c’est le quiproquo ! Le pompon revient aux vitres arrière où il faut activer la touche « Rear » avant de pouvoir les baisser. Absurde ! Et la faute ne revient pas uniquement à Cupra puisque ces symptômes sont partagés avec les Volkswagen ID.3, ID.4 et ID.5, mais curieusement pas avec le Skoda Enyaq iV qui évite habilement cet écueil. Côté infodivertissement, c’est en revanche pas mal. Si l’ergonomie des menus n’est pas un modèle du genre, la fluidité de l’afficheur est bonne et les graphismes, corrects.

« Moins sportive qu’elle en a l’air mais agréable à prendre en mains »

En Cupra Born, la clé, c’est vous ! Du coup, il suffit de prendre place sur le siège conducteur et appuyer sur le frein pour mettre en éveil l’Espagnole. Si elle a des gènes allemands, la Born a tout de même le sang chaud. Sélectionnez le mode Performance et pressez l’accélérateur à fond…ça marche ! Si le 0 à 100 km/h est annoncé en 7,3 s, ce sont surtout les reprises à basse vitesse qui se montrent percutantes. Sur route, le confort d’amortissement est satisfaisant même si ça peut cogner occasionnellement à l’arrière, surtout en ville. La Born a en effet raffermi ses suspensions pour surpasser discrétos l’ID.3 en termes de tenue de route. Et cela se sent ! L’auto est un peu plus adroite dans les enchaînements de courbes. Sur autoroute en revanche, elle subira le même sort que sa cousine germaine, avec une autonomie d’environ 230 à 260 km pour une batterie chargée à 80%. Sa consommation sur voie rapide est contenue (18,7 kWh/100 km) mais la puissance de charge maximale reste modeste (130 kW). Dommage car l’insonorisation apparaît correcte. En ville, le tableau est tout autre puisque la Born redouble d’agilité avec un excellent rayon de braquage, un capot court et des montants de pare-brise dédoublés assurant une visibilité confortable. Et si vous êtes un sous-doué du parking, la Born freinera automatiquement si vous vous rapprochez fissa d’un quelconque obstacle. Bref, une vraie maman poule qui relègue tous vos soucis à l’arrière-plan de la vie !

Elle en offre un peu plus que l’ID.3

Disponible à partir de 43 800 €, la Cupra Born débarque dans une catégorie qui s’étoffe doucement mais sûrement. Notre modèle d’essai s’échange contre 46 070 € et s’avère relativement bien équipé avec en série le régulateur de vitesse adaptatif, les feux à LED, l’accès et démarrage mains libres, la caméra de recul ou encore le volant chauffant. La Volkswagen ID.3 Pro Performance Active (44 990 €, 58 kWh, 204 ch) dispose d’une technique similaire mais d’un équipement inférieur. Côté français, la Renault Mégane E-Tech Electric Techno (44 300 €, 60 kWh, 220 ch) présente mieux mais se montre moins habitable. Chez Citroën, la ëC4 Shine Pack (41 150 €, 50 kWh, 136 ch) est à la fois plus accessible et plus confortable mais ses performances sont en retrait. Quant à la MG4 (environ 34 000 €, 64 kWh, 204 ch), elle est, sur le papier, la mieux placée en termes de prix, d’équipements et de performances. Elle peut donc légitiment balancer à toute la concurrence un « cheh » peu constructif, bref. Sans révolutionner le genre, la Cupra Born se pose donc en alternative crédible à l’ID.3 pour qui veut se changer les ID (Note du rédacteur : je ferai plus ce genre de blague, promis).     

On aime

  • Style soigné
  • Habitabilité généreuse
  • Excellente maniabilité

On regrette

  • Ergonomie satanique
  • Qualité de finition inégale
  • Puissance de charge limitée

Verdict : 14,9/20 – Bien 

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